SESSION SCIENTIFIQUE - Transmission du Covid-19

SESSION SCIENTIFIQUE - Transmission du Covid-19

Modes de transmission, contagiosité et survie du virus sur des surfaces inertes

Alors que les mesures de prévention se multiplient en Europe afin de limiter la propagation du Covid-19, de nombreuses questions se posent. Que connaissons-nous réellement du mode de transmission du Covid-19 ? Peut-on être contagieux sans le savoir ? Le virus peut-il réellement survivre sur des surfaces inertes? Vous trouverez quelques éléments de réponses et de réflexion ainsi que des liens vers les articles scientifiques pertinents à lire ci-dessous.

 

Modes de transmission 

La propagation de personne à personne est le principal mode de transmission du SRAS-Cov-2. Elle a lieu essentiellement par le biais de gouttelettes produites lorsqu’on tousse, éternue ou parle. Une personne peut être infectée si ces gouttelettes rentrent directement en contact avec ses muqueuses ou si elle touche une surface infectée, puis touche ses yeux, son nez ou sa bouche. Le virus pouvant aussi être retrouvé dans les selles et la conjonctive, ces modes de transmission ne sont pas exclus mais restent probablement rares. Pour le secteur médical, les infections par frottis ou aérosols (microgouttelettes de moins de 5 micromètres qui peuvent apparaître au cours de certaines procédures comme les procédures dentaires, la bronchoscopie et certaines techniques chirurgicales) ne sont pas non plus exclues mais nous n’avons actuellement aucune preuve qu’elles existent. Enfin, les scientifiques n’ont pas encore pu déterminer si une transmission mère-enfant est possible au cours la grossesse. A notre connaissance, aucun des nourrissons évalués à la naissance n’était jusqu’à présent positif au test de référence du Covid-19 (RT-PCR basée sur la recherche du génome du virus). Certains possédaient toutefois des anticorps qui auraient très bien pu passer la barrière du placenta si la mère était infectée au cours de sa grossesse.

 

Contagiosité

Une protéine (« spike protein ») située la surface du virus serait à l’origine de la transmission rapide du virus. Celle-ci permet au virus de se fixer sur une cellule pour y libérer son ARN et l’infecter. Elle serait plus facilement clivée par les cellules du corps humain que d’autres virus de la même famille. 

Le nombre moyen d'individus qu'une personne avec le SRAS-Cov-2 peut infecter (taux de reproduction de base du virus, R0) atteindrait selon l’Organisation Mondiale de la Santé des valeurs situées entre 1,4 et 2,5. Des études rapportent cependant des estimations de 1,4 à 6,5. Si le Rdu SRAS-Cov-2  semble autant varier d’une publication à l’autre, c’est que son estimation est basée sur des modèles mathématiques plus ou moins complexes. Ces modèles considèrent le nombre de personnes infectées (que l’on ne connaît jamais de manière exacte), susceptibles d’être infectées ou exposées, sans symptôme, retirées (décès et guérisons) et parfois de nombreux autres paramètres. Il faut aussi prendre en considération dans cette interprétation du Rque les mesures barrières agissent sur le taux de contact et la probabilité d'infection et donc le modifient constamment.

Une personne est potentiellement contagieuse dès que la charge virale (quantité du virus présente dans le corps) devient importante, ceci avant même l’apparition des symptômes. La transmission par des sujets porteurs du virus sans symptôme est aussi possible et été décrite à plusieurs reprises. Selon les informations actuelles, la charge virale de ces personnes serait similaire à celle des patients présentant des symptômes. L'excrétion du virus au niveau du pharynx serait très élevée au cours de la première semaine de symptômes (7X10copies d'ARN par prélèvement de gorge). L’apparition des anticorps (séroconversion) serait détectable 6 à 12 jours après l’apparition des symptômes sans pour autant observer un déclin rapide de la charge virale. Cette dernière pourrait être détectée jusqu’à 20 jours (entre 17 et 24 jours pour 50% des patients) après l’apparition des symptômes avec un cas rapporté de 37 jours.

 

Survie du virus sur différentes surfaces

Actuellement, une seule étude rapporte ces informations sur le SRAS-Cov-2 dans des conditions de laboratoires contrôlées (température entre 21 et 23°C ; humidité de l’air 65% pour le test des aérosols et 40% pour le test des surfaces). Le temps estimé de demi-vie du virus (temps pour que la quantité de virus soit divisée par deux) dans les aérosols serait de 1,1 heure. Rappelons que les aérosols sont définis comme des particules très fines en suspension dans l’air et qu’ils ne peuvent être comparées aux gouttelettes créées par une personne qui éternue, tousse ou parle car ils sont beaucoup plus volatiles. La durée de demi-vie du virus sur des surfaces inertes serait de 0,8 heures pour le bois, 3,5 heures pour le carton, 5,6 heures pour l’acier et 6,8 heures pour le plastique. Le virus a pu être détecté dans les aérosols après trois heures, jusqu’à 4 heures sur le bois, jusqu’à 24 heures sur le carton et de deux à 3 jours sur le plastique et l’acier. Nous ne savons toutefois pas jusqu’à quand les taux de virus observés restent assez importants pour qu’il y ait un risque d’infection.

 

Publications scientifiques pertinentes :

  1. Clinical presentation and virological assessment of hospitalized cases of coronavirus disease 2019 in a travel-associated transmission cluster. Woelfel R, Corman VM et al. medRxiv  2020.03.05.20030502;  doi: https://doi.org/10.1101/2020.03.05.20030502
  2. A Unique Protease Cleavage Site Predicted in the Spike Protein of the Novel Pneumonia Coronavirus (2019-nCoV) Potentially Related to Viral Transmissibility. Wang Q., Qi, Y et al. Virol. Sin. (2020)https://doi.org/10.1007/s12250-020-00212-7
  3. Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2 as Compared with SARS-CoV-1. van Doremalen NBushmaker T et al. N Engl J Med. 2020 Mar 17. doi: 10.1056/NEJMc2004973.
  4. Detection of SARS-CoV-2 in Different Types of Clinical Specimens. Wang W, Xu Y, et al. JAMA. Published online March 11, 2020. doi:10.1001/jama.2020.3786
  5. Can SARS-CoV-2 Infection Be Acquired In Utero? More Definitive Evidence Is Needed. Kimberlin DW, Stagno S. JAMA. Published online March 26, 2020. doi:10.1001/jama.2020.4868