Les dernières innovations diagnostiques et thérapeutiques pour combattre le cancer de la prostate

Les dernières innovations diagnostiques et thérapeutiques pour combattre le cancer de la prostate

Chaque année, durant le mois de novembre, a lieu l’évènement caritatif Movember qui sensibilise la population à la santé masculine, en particulier aux cancers fréquents chez l’homme (prostate, testicule…). Nous profitons de ce mois de sensibilisation pour vous présenter les derniers progrès diagnostiques et thérapeutiques qui ont permis d’améliorer considérablement la survie des patients atteints d’un cancer de la prostate. 

Au Luxembourg, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme, avec plus de 300 nouveaux cas diagnostiqués chaque année. Face à une incidence aussi élevée, les hommes sont invités à se faire dépister dès l’âge de 50 ans. Ce dépistage repose sur le dosage du PSA (protéine spécifique synthétisée par la prostate) au moyen d’une simple prise de sang.

Diagnostiqué suffisamment tôt, le cancer de la prostate peut généralement bien se guérir. Dr Jean-François Wilmart, urologue au CHL, précise : « grâce à la médecine actuelle et aux technologies diagnostiques et thérapeutiques de plus en plus performantes, l’espérance de vie et la qualité de vie des patients atteints d’un cancer de la prostate ont augmenté de façon significative ces 3 dernières décennies. » 

Des examens diagnostiques de plus en plus précis

En cas de suspicion d’un cancer de la prostate, le médecin propose au patient des examens spécifiques (toucher rectal, échographie de la prostate, IRM…). Ils permettront d’établir un diagnostic et de déterminer l’évolution de la maladie.

Dr Wilmart« L’IRM reste, à l’heure actuelle, l’examen le plus fiable pour confirmer le diagnostic d’un cancer de la prostate. Mais ce n’est pas tout, les images d’IRM sont aujourd’hui de plus en plus utilisées pour la réalisation de biopsies échoguidées de la prostate. La fusion d’images échographie-IRM permet en effet une meilleure visualisation des lésions cancéreuses et par conséquent la réalisation de biopsies ciblées. »

Depuis juillet 2021, le Centre National PET, une unité fonctionnelle interhospitalière ouverte aux médecins nucléaristes du Grand-Duché de Luxembourg et de la « Grande-Région » et située au Centre Hospitalier de Luxembourg, s’est doté d’un nouveau traceur PSMA utilisé en PET-scan permettant une meilleure exploration des cancers de la prostate. Dr Olivier Schaeffer, médecin nucléaire au CHL, nous explique plus en détail le fonctionnement de cet examen : « le traceur du PSMA est marqué avec une molécule faiblement radioactive puis injecté par voie sanguine et va cibler l’antigène membranaire spécifique de la prostate (PSMA), une protéine qui est presque exclusivement exprimée à la surface des cellules cancéreuses de la prostate. L’utilisation du PET-scan permet ensuite de localiser l’absorption de cette molécule radioactive dans les cellules cancéreuses de la prostate. »

Le PET-scan au PSMA peut être proposé chez certains patients qui viennent d’être diagnostiqués d’un cancer de la prostate mais également chez des patients déjà traités au cours de leur suivi.

Cet examen est sans danger et ne possède pas de contre-indications particulières. Les substances radioactives utilisées lors du PET-scan au PSMA n’engendrent pas d’effet secondaire (après l’injection ou à long terme) ni de réactions allergiques. Le produit est rapidement éliminé dans les urines et l’insuffisance rénale n’est pas une contre-indication. « Le seul facteur limitant la réalisation de cet examen est la capacité du patient à rester couché et immobile pendant 20 minutes. », précise le Dr Schaeffer.  

Le PET-scan au PSMA est une technique récente d’exploration du cancer de la prostate mais dont l’importance devrait encore croître ces prochaines années ; aussi bien pour le diagnostic que pour le traitement (notamment avec l’arrivée de thérapies PSMA).

        

L’accès à des traitements de pointe

Au CHL Kriibszentrum, les patients atteints d’un cancer de la prostate bénéficient d’une prise en charge complète de leur maladie. Celle-ci est assurée par une équipe pluridisciplinaire composée de différents professionnels médicaux et paramédicaux. C’est lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), réunissant entre autres oncologue, urologue, radiothérapeute…, que seront choisis les traitements les plus adaptés à l’état général des patients et à l’avancée de la maladie. Plusieurs thérapies peuvent ainsi être envisagées : surveillance active, chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie…

Faisons le point sur plusieurs traitements de pointe mis à disposition des patients : 

  • Les techniques utilisées pour la chirurgie de la prostate ont fortement évolué ces dernières années. On est passé de la chirurgie ouverte à la coelioscopie. Le CHL dispose d’un équipement à la pointe de la technologie, avec notamment l’assistance chirurgicale robotique, permettant de réaliser des interventions complexes de façon mini-invasive, offrant aux patients une prise en charge optimale, une diminution des complications postopératoires, et une récupération rapide. En tant qu’hôpital para-universitaire et selon sa stratégie d’excellence, le CHL a investi dans la nouvelle plateforme d'assistance robotique, favorisant l'apprentissage de nos jeunes assistants chirurgiens grâce à la double console et au simulateur.

  • La radiothérapie conventionnelle a connu, elle aussi, des avancées notoires telles qu’une meilleure contention en faveur d’un meilleur positionnement du patient, la mise en place de grains d’or dans la prostate avant de démarrer les séances de radiothérapie, la modulation d’intensité des faisceaux et l’imagerie réalisée avant chaque séance par un CT scanner intégré aux accélérateurs. Dr Johanne Hermesse, radiothérapeute au Centre François Baclesse à Esch-sur-Alzette, souligne : « les avancées en radiothérapie conventionnelle ont permis de réduire le nombre total de séances ; la dose délivrée par séance étant plus élevée. On est passé récemment de 35 séances à une vingtaine de séances, ce qui a permis d’augmenter le confort des patients. » Le CyberKnife® (radiothérapie stéréotaxique robotisée) et la curiethérapie permanente par grains d’iode 125 donnent aujourd’hui la possibilité aux patients d’avoir accès à un traitement hautement spécifique et ciblé du cancer de la prostate. Le système CyberKnife®, utilisé au Centre François Baclesse, permet de traquer avec une grande précision un volume cible en mouvement tel que la prostate. Quatre grains d’or, mis en place dans la prostate via le périnée sous contrôle échographique endorectal, sont utilisés comme points de repère. Durant la séance d’irradiation, une imagerie embarquée va permettre de suivre les mouvements des 4 grains d’or dans tous les axes et d’adapter le traitement en temps réel. Cette précision supplémentaire permet de donner de plus hautes doses par fractions comparativement à la radiothérapie conventionnelle. Le traitement est donc délivré en uniquement 5 séances. La curiethérapie est quant à elle une forme de radiothérapie interne. Elle consiste à implanter des grains d’iode radioactifs dans la prostate via le périnée sous contrôle échographique endorectal. L’intervention nécessite une hospitalisation de 2 jours et se déroule sous anesthésie générale. L’avantage majeur de la curiethérapie est que les radiations ne doivent pas traverser des organes à risque pour atteindre la prostate.

  • Les hormonothérapies de 2e génération ont quant à elles complètement révolutionné la prise en charge des patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique hormono-sensible. Dr Lynn Rob, oncologue au CHL : « les hormonothérapies de 2e génération sont très bien tolérées et doublent, voire triplent les chances de survie des patients. Depuis peu, l’hormonothérapie de deuxième génération peut être couplée en première ligne à la chimiothérapie (étude PEACE -1). »                
  • La thérapie PSMA est proposée aux patients atteints d’un cancer de la prostate métastasé. Dr Lynn Rob : « Pour ce traitement, on utilise du Lutétium, une substance radioactive, qui vient se fixer sur les métastases et qui est capable de les détruire. Si la thérapie PSMA est employée depuis longtemps dans d’autres centres hospitaliers, notamment en Allemagne, une étude de phase III randomisée, présentée au congrès de l’ASCO 2021, a montré son efficacité à la fois en termes de survie globale et de survie sans progression (étude vision). »